Le vaginisme, soit la contraction involontaire des muscles du plancher pelvien par crainte de la pénétration, a longtemps été un non sujet. Aujourd'hui, enfin, les mots se déploient. Un cap décisif pour les femmes en souffrance. D'autant plus que des solutions existent...


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Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) estime que 1% des femmes en âge de procréer sont atteintes de vaginisme, mais que celles-ci représentent 6% à 15% des consultantes en sexologie. Douleur physique, détresse psychologique, honte, crainte pour la vie de couple, peur de ne pouvoir avoir des enfants… Le vaginisme ne se balaie pas d’un revers de la main ; les femmes qui en souffrent devraient pouvoir en parler à leurs proches - en plus de leur.s partenaire.s - sortir de la solitude et trouver des solutions personnelles et professionnelles. Etat des lieux.
Chez les femmes qui ne souffrent pas de vaginisme, les muscles du vagin se détendent à mesure de la montée du désir et/ou à l’approche d’une pénétration (qu’elle soit hors contexte amoureux comme l’insertion d’un tampon, par exemple, ou durant l’acte sexuel avec une approche digitale ou phallique). Mais certaines femmes vont avoir tendance, bien involontairement, à contracter leurs muscles vaginaux, comme pour se protéger de toute pénétration. A l’origine, dans quelques rares cas, il peut y avoir une malformation. Mais le déclencheur est la plupart du temps d’ordre psychologique.
Comme toujours, quand on a dit que c’était la faute “à la tête”, on a à peu près rien dit, si ce n’est qu’on a donné un ensemble de pistes à explorer. Il est important, comme toujours quand il s’agit de psychologie, de rappeler qu’il ne s’agit pas simplement de vouloir que ça change pour que ça change - on n’est pas dans une comédie américaine d’une heure vingt où les raccourcis, les rebondissements et les solutions surgissent comme par magie parce qu’on y a pensé très fort.
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Sortir du vaginisme, c’est d’abord envisager qu’il y a un historique de la personne avec son corps, une découverte de soi qui ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions dans le passage entre l’enfance et l’adolescence. Mille raisons peuvent expliquer cette carence : on peut avoir vécu avec des interdits familiaux forts autour du corps, d’autres traumatismes qui n’ont pas permis un développement paisible de l’intime. La jeune fille, dans une méconnaissance de son corps, peut, alors, redouter la pénétration - qui peu à peu s’installe comme un danger qui pourrait la déchirer.
Autre cause possible : un examen gynécologique douloureux chez la jeune fille peut également avoir été vécu comme un trauma.
Encore une fois, on parle là d’une phobie, peu ou pas conscientisée. La femme, jeune ou non, peut tout à fait avoir envie de partager un moment sexuel tout en redoutant le moment de la pénétration digitale ou phallique, vécu comme un drame probable : vais-je y arriver ? Il faut que j’y arrive sinon il finira par me plaquer ? Je suis nulle. Etc.
Peu à peu, cependant, le vaginisme aura un impact sur l’estime de soi et dans la relation amoureuse, où il est souvent vécu chez la femme comme une incapacité culpabilisante.
Quand on est seul.e avec un blocage psychologique, particulièrement quand celui-ci met en péril ce qui nous tient à cœur, on peut avoir le sentiment d’un problème immense, impossible à résoudre. Concernant le vaginisme, la réalité est tout autre. On en guérit bien dès lors qu’on le prend en considération.
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Concrètement, ça signifie qu’on va essayer autant que possible de poser sa culpabilité - au moins un peu - et qu’on va partager avec son partenaire. Objectif : informer, envisager ensemble ce qu’il est possible de faire pour que la personne atteinte de vaginisme ne se sente pas coupable.
(N.B. : si le partenaire n’est pas capable d’entendre, il y a un souci.)
On ne le dira jamais assez : la pénétration n’a rien d’obligatoire. Un rapport sexuel, ça devrait être du plaisir - point. Soit : des bisous, des caresses, des massages, des mots, des regards, des jeux - et peut-être une personne qui en pénètre une autre avec ses doigts, avec un jouet, avec son sexe. Sur le chemin de la guérison du vaginisme, une option pourrait être d’envisager des partages sans pénétration.
Je recommande également de parler de son vaginisme avec un.e bon.ne pote si ça se présente, histoire de mettre des mots, de dégrossir la détresse - une fois encore : parler reste l’un des moyens les plus efficaces pour se délester de sentiments négatifs.
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Et justement puisqu’on “parle de parler”, nombreu.se.x sont les professionnel.le.s dont le métier est d’accompagner les personnes souffrant de vaginisme : sexologues, psychologues, sages-femmes, kinés spécialisé.e.s. On conseille généralement une thérapie cognitive comportementaliste (TCC) qui est une thérapie courte (une dizaine de séances, en général). La patiente y exprime ses craintes, apprend avec le ou la thérapeute le fonctionnement de son corps, s’approprie ces mécanismes. L’EMDR (intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires) est également une option de soin, particulièrement s’il y a eu un trauma. Une rééducation douce accompagnée d’un kiné spécialisé.e ou d’une sage-femme permet de ne pas rester que dans l’intellect et/ou le psychologique en posant du concret.
Et souvenez-vous : si vous ne vous sentez pas à l’aise avec un.e soignant.e - c’est comme un jean : vous avez toujours le droit d’en changer.
(Cet article a d’abord été publié sur la plateforme VOXXX.)
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